Boutons de cartographie

Guide des systèmes électroniques MotoGP : anti-patinage, frein moteur & cartographies (2025)

Les MotoGP paraissent spectaculaires parce qu’elles le sont : environ 300 ch, très légères, et pilotées à des angles où la physique “normale” n’a plus grand-chose à dire. Ce qui les rend pilotables n’est pas seulement le talent — ce sont aussi les systèmes électroniques qui travaillent en arrière-plan. La bonne nouvelle, c’est que la MotoGP moderne utilise un ECU unifié et un environnement logiciel commun : les principes de base restent comparables d’une équipe à l’autre. Ce guide explique l’anti-patinage, le contrôle du frein moteur et les “cartographies” utilisées par les pilotes, en termes clairs, avec le contexte 2025 en tête.

Le “cerveau” électronique : ECU, capteurs et ce que le pilote contrôle réellement

Chaque MotoGP est gérée par un ECU (unifié) fourni par Marelli, avec des règles logicielles communes destinées à contenir les coûts et à éviter une course à l’armement électronique. Les équipes conservent une grande marge de réglage et de configuration, mais elles le font dans un cadre partagé — c’est pourquoi on entend surtout parler de “réglages” et de “cartographies”, plutôt que d’ordinateurs secrets. En 2023, une nouvelle génération d’ECU (BAZ-340) a été introduite pour répondre à des besoins plus élevés en calcul et en données, et ce matériel fait partie de la base technique actuelle.

Sous le carénage, l’ECU reçoit en continu des informations issues d’un réseau dense de capteurs : vitesses de roues avant et arrière, position des gaz, IMU (mesurant l’angle, le tangage et le lacet), pression de freinage, rapport engagé, régime moteur, etc. L’ECU traite ces signaux en temps réel et applique des stratégies de contrôle sur la délivrance du couple, le patinage, le frein moteur, l’anti-wheeling et la procédure de départ. Le pilote, lui, interagit surtout via les commandes au guidon, et par ce qu’il ressent lorsque le système intervient.

Il faut bien distinguer la “magie automatique” de la réalité. Les électroniques MotoGP ne sont pas un pilote automatique. Elles réagissent au patinage, à l’angle, à l’accélération et aux conditions moteur — mais le pilote choisit quand changer de cartographie, à quel point attaquer à l’entrée, et combien il veut s’appuyer sur l’intervention. En pratique, ces systèmes rendent une machine ultra-pointue exploitable au maximum pendant plus de 20 tours, sans que les pneus s’effondrent immédiatement.

Ce que signifie une “cartographie” en MotoGP — et pourquoi les pilotes la changent en course

Quand on dit “il est passé en Map 2”, cela renvoie généralement à un ensemble de paramètres prédéfinis. Une cartographie peut modifier la délivrance du couple, l’intensité du frein moteur, l’agressivité de l’anti-patinage, la stratégie carburant, et parfois le comportement à l’entrée ou à la sortie de virage. On peut y voir une manière de changer le caractère de la moto : traction plus douce pour préserver le pneu arrière, réponse plus vive pour attaquer, ou réglage plus prudent lorsque l’adhérence est délicate.

Ces cartographies ne sont pas universelles. Les pilotes disposent souvent de plusieurs options adaptées à la température de piste, à l’usure des pneus, à la consommation, et même à leur niveau de confiance sur l’avant. Un scénario courant consiste à démarrer avec un réglage plus agressif quand les pneus sont frais, puis à passer sur une cartographie plus “lisse” quand le pneu arrière commence à glisser davantage à mesure que le grip baisse. C’est aussi pour cela qu’on voit des changements de réglages derrière une autre moto : l’air perturbé et des trajectoires différentes peuvent modifier les besoins de traction virage après virage.

En 2025, comme tout le monde travaille dans le même écosystème ECU, l’avantage se déplace souvent de “qui a l’ordinateur le plus malin” vers “qui comprend le mieux le pneu” et sait préparer les cartographies les plus efficaces pour chaque phase de course. Les pilotes avec un excellent ressenti du grip donnent parfois l’impression d’avoir de “meilleures électroniques”, alors qu’ils choisissent surtout le bon outil au bon moment.

Anti-patinage : éviter les highsides sans tuer la vitesse

En MotoGP, l’anti-patinage (TC) sert principalement à gérer le glissement de la roue arrière — pas à l’éliminer. Un léger patinage contrôlé peut être plus rapide, car il aide à faire pivoter la moto et à rester dans la zone de puissance. L’ECU observe l’écart entre la vitesse de la roue avant et celle de la roue arrière, puis recoupe avec l’angle et l’accélération via l’IMU. Si l’arrière se met à tourner trop vite par rapport aux conditions, l’ECU réduit le couple pour maintenir la dérive dans une plage exploitable.

Le point crucial, c’est la manière de réduire le couple. La MotoGP peut agir via l’avance à l’allumage, l’injection et la commande des gaz (ride-by-wire). Plus l’intervention est progressive, plus elle aide le pilote. Une coupure brutale peut déséquilibrer le châssis, surtout à forte inclinaison — et devenir presque aussi dangereuse qu’un excès de patinage. C’est pourquoi “plus de TC” n’est pas toujours synonyme de sécurité : une intervention trop marquée peut rendre la moto imprévisible et coûter du temps au tour.

Le TC est aussi lié à la gestion des pneus. À mesure que le pneu arrière s’use, le seuil où une glisse devient risquée change. Les pilotes augmentent souvent l’assistance en fin de course, ou choisissent une cartographie avec une délivrance de couple plus douce. En conditions mixtes, ils privilégient parfois la stabilité à la motricité pure. C’est l’une des raisons pour lesquelles une MotoGP semble si différente sur une séance froide du vendredi par rapport à un dimanche chaud.

Anti-patinage vs anti-wheeling et le nouvel accent 2025 sur la stabilité

On confond souvent anti-patinage et anti-wheeling parce que les deux réduisent la puissance lorsque la moto tente quelque chose de spectaculaire. L’anti-wheeling se concentre sur le délestage de l’avant : si la moto se cabre trop, l’ECU réduit le couple pour ramener la roue au sol. L’anti-patinage se concentre sur le glissement de l’arrière : il vise à éviter les pics de patinage qui peuvent conduire à un retour brutal du grip et à un highside.

Un sujet majeur en 2025 concerne l’arrivée d’un concept de contrôle de stabilité (parfois décrit comme un contrôle de glisse/stabilité) introduit via des mises à jour ECU au Grand Prix d’Autriche. L’objectif est de réduire davantage le risque de highsides en gérant la transition entre une glisse contrôlée et une reprise d’adhérence soudaine. Cela ne remplace pas la technique du pilote : l’idée est de rendre la zone dangereuse légèrement moins brutale, surtout lorsque les pneus déclinent ou qu’une variation de grip survient en plein virage.

Cette évolution compte parce que les MotoGP modernes délivrent une accélération énorme même en pleine inclinaison. La frontière entre “glisse rapide” et “chute immédiate” est très fine. Des systèmes qui lissent cette transition peuvent réduire les incidents violents sans transformer la discipline en jeu vidéo. Les pilotes et les équipes débattent encore du niveau d’intervention acceptable, mais la logique de sécurité est évidente.

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Contrôle du frein moteur : pourquoi l’entrée de virage est une bataille électronique

Quand un pilote coupe les gaz et rétrograde depuis environ 340 km/h vers l’entrée d’un virage, le moteur devient lui-même un frein. Ce “frein moteur” aide à ralentir la moto, mais il peut aussi déstabiliser la roue arrière, surtout lorsque le pneu est peu chargé et que la moto est encore sur l’angle. Si l’arrière se bloque ou se met à vibrer (chattering), le pilote perd le contrôle de la trajectoire — et l’avant peut être surchargé lorsqu’il se bat pour stabiliser la machine.

Le contrôle du frein moteur permet d’ajuster l’intensité de cette décélération et sa variation selon les rapports et l’angle. L’ECU peut entrouvrir les papillons, gérer l’allumage, et travailler de concert avec le fonctionnement de la boîte (dont le seamless) pour garder la roue arrière en rotation régulière. L’objectif n’est pas de supprimer le frein moteur, mais de le rendre prévisible : suffisamment fort pour aider à freiner, assez doux pour éviter l’instabilité de l’arrière.

C’est aussi pour cela que deux pilotes d’une même équipe peuvent préférer des réglages très différents. L’un peut vouloir que l’arrière “aide à tourner” à l’entrée en acceptant une petite dérive. L’autre peut préférer un arrière plus calme pour préserver le pneu avant et éviter les réactions brusques. Le tracé compte également : les circuits stop-and-go demandent souvent un comportement différent de ceux, rapides et fluides, où la stabilité prime.

Cartographies de frein moteur : ce que ressent le pilote et ce que l’ingénieur affine

Les pilotes décrivent le frein moteur en sensations : “la moto tourne mieux”, “l’arrière pousse”, “elle freine trop sur l’arrière” ou “elle élargit”. Côté technique, les ingénieurs ajustent des cibles de couple en décélération, le comportement des micro-ouvertures de gaz, et la façon dont l’ECU mélange le frein moteur avec l’adhérence arrière. C’est subtil, mais à vitesse MotoGP la subtilité fait la différence : un petit changement peut décider si le pilote peut freiner tard en gardant du levier jusqu’au point de corde, ou s’il doit relâcher plus tôt.

Les cartographies de frein moteur évoluent souvent pendant le week-end à mesure que la piste se gomme et que le grip augmente. Lors des premières séances, les équipes choisissent parfois des réglages plus sûrs pour éviter une roue arrière instable sur une piste “verte”. Quand l’adhérence monte, elles peuvent utiliser un frein moteur plus marqué pour raccourcir les distances de freinage et aider la moto à pivoter. Les variations météo peuvent obliger à revenir vers des réglages plus doux, car pneus froids et frein moteur agressif font rarement bon ménage.

Un aspect souvent sous-estimé est l’interaction avec le pneu avant. Si l’arrière est trop instable à l’entrée, le pilote peut compenser en chargeant davantage l’avant, augmentant le risque de perte de l’avant. Si l’arrière est trop “verrouillé”, la moto peut sous-virer et refuser de tourner. Les meilleurs réglages ne sont pas ceux qui maximisent la décélération, mais ceux qui permettent d’attaquer de façon répétable, tour après tour.